L’effet Zeigarnik : pourquoi vous continuez de penser au boulot le soir ?

Estelle Nguyen
29 Mars 2021

Le soir, il vous arrive de penser à une tâche inachevée au bureau ? Le weekend, vous n’arrivez pas à complètement déconnecter ? C’est normal, vous êtes victime de l’effet Zeigarnik !


Ce phénomène crée pour beaucoup du stress et de la charge mentale. Pourtant, une fois maîtrisé, c’est un allié puissant pour résoudre des problèmes complexes et un outil anti-procrastination. 


À titre personnel, comprendre cet effet m’a permis de mieux déconnecter pendant mes temps de repos et m’a aidé à devenir plus productif. Le but de cet article est de vous aider à faire de même.

Explication

Pour mieux comprendre l’effet Zeigarnik, revenons à la découverte de celui-ci par la psychologue russe du même nom dans les années 1920. Comme souvent, c’est une observation triviale qui permet une découverte importante. Attablée à un café, Bljuma Zeigarnik est impressionnée par la mémoire d'un serveur. Elle constate néanmoins un fait surprenant : une fois les commandes déposées sur la table, ce dernier les oublie instantanément.


Zeigarnik identifie alors une caractéristique clé du fonctionnement de notre mémoire : les tâches inachevées sont retenues plus facilement. À l’inverse, les tâches accomplies s’estompent plus rapidement. L’explication est simple : le cerveau mobilise ses ressources sur les actions en cours, jugées plus importantes que les tâches passées. Par conséquent, votre attention va rester focalisée sur ce qui n’est pas terminé. C’est ce que l’on appelle le résidu d’attention.


Conséquences sur la vie professionnelle

Impact sur la productivité. L’effet Zeigarnik représente un challenge pour la vie professionnelle. En effet, il s’applique lorsque l’on est brutalement interrompu dans une tâche où l’on est impliqué, et qu’on en commence une autre. Exemple : Un collaborateur vous coupe dans votre activité pour solliciter votre aide.

1. Le résidu d’attention dont on parlait plus haut, va rester figé sur la tâche précédente. Votre esprit vagabonde quand il vous parle ? C’est l’effet Zeigarnik : une tâche inachevée parasite vos pensées. Vous ne serez pas efficace pour aider votre collaborateur.

2. Lorsque vous reviendrez sur votre tâche, votre cerveau aura besoin de plusieurs minutes pour récupérer le même niveau de concentration qu’avant.

Impact sur la santé mentale. Puisque le cerveau ne garde que les tâches inachevées, cela crée un biais. En fin de journée, on aura donc l’impression d’avoir plus de tâches en suspens que de tâches terminées. Cela a pour effet de générer un stress, en plus d’un manque de reconnaissance pour le travail accompli.

Comment y remédier ?


L’organisation est le mot d’ordre

Organisez votre semaine de sorte à avoir une vue d’ensemble des tâches à faire et des tâches accomplies. Préférez alors l’utilisation d’un Kanban (voir illustration ci-dessous) plutôt qu’une to-do list avec des cases vides.

Illustration d'un Kanban

Prenez vous un créneau en fin de semaine, pour faire le point sur toutes les activités accomplies, et les tâches qui n’ont pas pu être terminées. Cela permet d’avoir une vision non biaisée de votre travail, et de mettre en valeur les actions terminées. On sait qu’il n’est pas toujours évident de penser à faire ce point systématiquement. L’équipe d’Axel a donc mis en place une solution de management pour automatiser cette routine de mise au point hebdomadaire.

Illustration d'Axel Management - Routine de check-in hebdo envoyée automatiquement sur Slack par Axel

Restez concentré

L’effet Zeigarnik intervient à partir du moment où vous êtes interrompu. Le simple fait de voir qu’on a une notification sur son téléphone sans le consulter a un effet sur l’attention. Coupez toute notification et mettez en place des sessions de deep work lorsque vous vous engagez dans une activité importante. D’après la loi de Carlson, nous sommes 20 à 30% plus productifs lorsque l’on n’est pas interrompu. En suivant ce principe, on pourrait faire des semaines de 4 jours, avec les mêmes résultats qu’une semaine de 5 jours pendant laquelle on serait constamment interrompu dans nos tâches.

Illustration de la loi de Carlson par paretoanalysis.tools

Utilisez l’effet Zeigarnik à votre avantage

Mémoire. Pour apprendre un texte ou une présentation, faites des sessions d’apprentissage courtes et séquencées. Arrêtez vous au milieu d’une partie pour que votre mémoire fixe mieux les informations. Servez vous de l’effet Zeigarnik pour mémoriser des choses importantes.

Problèmes complexes et créativité. Pour résoudre un problème mathématique ou produire une œuvre culturelle, interrompez votre travail après une courte session. L’effet Zeigarnik devient alors votre allié. Vous vous mettez à penser à vos travaux à plusieurs moments de la journée et vous allez faire des liens avec des éléments qui paraissent non intuitifs. 


Motivation. Vous avez un projet important, comme rédiger un premier roman ou écrire un plan d’affaire pour un projet entrepreneurial ? Jetez vous à l’eau, rédigez une première partie et arrêtez-vous. Le résidu d’attention vous ramènera toujours à votre tâche ! Hemingway, prix Nobel de littérature, s’arrêtait toujours d’écrire au milieu d’une phrase pour être sûr de retourner à l’ouvrage le lendemain.


Conclusion

Maintenant vous avez compris l’effet Zeigarnik, vous pouvez en faire un outil de productivité et de créativité tout en évitant ses effets néfastes ! L’effet Zeigarnik est également une invitation à l’action. Il explique pourquoi les regrets nous rendent beaucoup plus malheureux que les remords. Les regrets sont comme des tâches pas terminées qui continuent à nous hanter pendant des années. Alors osez lancer vos projets quitte à échouer, vous n’en serez que plus heureux !

Références